lundi 6 février 2006

Interclima+Elec 2006 : la déferlante KNX

L'un des principaux enseignements de l’édition 2006 du salon Interclima+Elec a été l’adoption par la plupart des fabricants d’un langage commun permettant l’interopérabilité de leurs produits. Il s’agit de Konnex (KNX) qui regroupe EIBbus, EHS et Batibus. C’est probablement l’un des derniers freins à la généralisation de la domotique qui est en train de disparaître.

Longtemps, l'installateur devait choisir la moins pire des solutions. Ou bien il utilisait tous les produits d’une même marque en prenant le risque à court terme de ne pas pouvoir répondre à tous les besoins de son client et à moyen terme d’aboutir à une impasse technologique. Ou bien il se lançait dans une intégration périlleuse de produits propriétaires sans aucune garantie de fiabilité ni de pérennité de son installation. Ce que l’on pressentait depuis quelques années s’est enfin confirmé sur Interclima+Elec 2006. De nombreux industriels ont en effet annoncé des gammes de produits compatibles avec le protocole KNX pour la gestion de l’éclairage, des automatismes, de la sécurité ou de l’interphonie aussi bien pour la construction neuve que pour la rénovation dans la mesure où les produits KNX peuvent communiquer sur un simple bus, en radio, sur IP ou par courant porteur. KNX constitue une réelle opportunité pour les installateurs électriciens mais plus globalement pour l’ensemble des professionnels du bâtiment puisque grâce à une centaine de fabricants il existe d’ores et déjà des chaudières, des moteurs de VMC, des écrans tactiles, des platines de bouton-poussoirs, des stations météo, des appareils électroménagers et audiovisuels au standard KNX. Il est donc aujourd’hui possible de mettre en œuvre des installations domotiques de façon cohérente en sélectionnant les meilleurs produits chez les différents fabricants à l’image de ce qui s’est passé ces dernières années dans le domaine de la VDI pour les applications multimédia.

Mais attention, il ne faut pas tomber dans l’euphorie car le salut passe par une évolution des mentalités de tous les acteurs du bâtiment.

  • Est-ce que les architectes sauront intégrer cette nouvelle dimension dans la conception de leurs projets ? En tout cas, il est évident que contrairement à la domotique du siècle dernier, il est aujourd’hui possible de répondre à leurs exigences en terme de simplicité d’utilisation, d’ergonomie et d’esthétisme des commandes.
  • Est-ce que les fabricants, contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne par exemple, n’essayeront pas de maintenir artificiellement un niveau de prix élevé, ce qui ne serait pas forcément fatal pour le marché tertiaire mais qui serait à coup sûr un frein énorme au développement de la domotique dans le résidentiel ? Les perspectives sont séduisantes mais l’édifice reste fragile car même si KNX semble avoir gagné une bataille au niveau européen, il est pris en tenaille entre les quelques protocoles propriétaires que certains fabricants continuent de promouvoir et les protocoles historiques comme LonWorks ou de nouveaux entrants comme Zigbee qui constituent de sérieux challengers.
  • Est-ce que les installateurs accepteront d’acquérir de nouvelles compétences ou de s’entourer de spécialistes ? Pour se rendre compte du décalage qui existe avec nos voisins européens, il suffit de comparer les ventes de licences ETS (le logiciel qui permet de paramétrer une installation complète en KNX) : 14.000 outre-Rhin par exemple contre seulement 200 en France à ce jour… La marge de progression est donc énorme.

Quoiqu’il en soit, on ne peut être que globalement optimiste quand on constate le consensus des industriels et des spécialistes en domotique au sujet des produits KNX. Ne perdons surtout pas de vue que c’est avant tout le particulier qui a tout à gagner à l’émergence d’un standard domotique.