vendredi 2 juin 2006

Après Batimat et Interclima+Elec, il était intéressant de traverser la frontière pour voir où en sont nos voisins. Le salon européen de référence Light+building qui a eu lieu à Francfort en avril était l'occasion de situer notre marché de la domotique, encore confidentiel en France, par rapport au reste de l'Europe.
Après le choc provoqué par l'immensité des lieux, les 2000 exposants et le nombre gigantesque de visiteurs, la visite de Light+building a d'abord permis de constater les même tendances que sur les salons français cet hiver :
  • KNX est bien le standard que tous les acteurs intéressés par la domotique attendait. La preuve, plus de 50 fabricants présentaient à Francfort leurs nouveautés qui viennent s'ajouter à un catalogue virtuel de 7000 produits certifiés KNX.
  • L'offre reste néanmoins morcelée puisque au total plus de 175 exposants impliqués dans la domotique et l'immotique étaient présents. Cela s 'explique par le fait que KNX est peu présent dans le tertiaire, domaine largement dominé par BACNet et LON. Au final quand même, très peu de fabricants présentaient une offre entièrement propriétaire.
  • Le monde du numérique et de la communication oblige les fabricants à standardiser leurs produits et les associations de standardisation à proposer des passerelles à l'image de Konnex qui a annoncé la disponibilité de KNXnet pour dialoguer avec les applications Internet et d'une table de correspondance avec BACnet pour s'ouvrir au monde de l'immotique.
  • Les domaines de la domotique, de la communication et de l'audiovisuel continuent de converger très rapidement ce qui permet de simplifier la mise en œuvre des installations et de simplifier leur utilisation.
Au-delà de ces confirmations, le principal enseignement de l'édition 2006 du salon Light+building a été de constater la différence de maturité qui existe encore entre les marchés allemands, belges, suisses ou scandinaves et le nôtre. Nous en sommes encore à nous demander quand la domotique décollera vraiment alors que nos voisins, sans même parler de domotique, l'ont déjà complètement intégrée dans leurs installations. Ce retard n'est néanmoins pas inéluctable, à l'image de ce qui s'est passé dans le domaine de l'Internet haut débit dans lequel la France a rattrapé tous ses voisins en quelques années. On peut continuer l'analogie en constatant que comme France Telecom il y a dix ans, le marché électrique français reste dominé par quelques mastodontes peu agiles pour s'adapter aux changements. Nous disposons en effet avec Schneider Electric et Legrand de deux des plus importants constructeurs de matériel électrique au monde. Les groupes français Sonepar et Rexel sont eux les leaders mondiaux dans le domaine de la distribution. Ces grandes entreprises mettent évidemment plus de temps à réagir mais leur puissance commerciale et marketing devraient faire leur œuvre. Ainsi, quel clin d'œil, Schneider Electric a récemment annoncé l'acquisition de Merten, l'un des spécialistes allemands de la maison intelligente et promoteur emblématique du standard KNX.
A l'extrême, peu importe quel protocole va s'imposer. Le retard est tellement important et le marché tellement vaste qu'il y a de la place pour de nombreuses solutions. Les produits Niko, Delta Dore ou In-One de Legrand ne sont pas aussi ouverts que l'on voudrait mais ils répondent chacun à certains types de projets ou aux différents niveaux de formation des installateurs. Finalement, au-delà même du débat sur la standardisation, le réel concurrent de la maison communicante n'est-il pas l'installation électrique traditionnelle qui fait que la quasi-totalité des maisons ou appartements qui seront construits ou rénovés cette année en France seront encore équipés de prises en T et de va-et-vient d'un autre age ?