dimanche 8 juin 2008

WiFi or not WiFi ?

Quand je parle des réseaux Voix-Données-Images et de la nécessité d'intégrer le câblage structuré dans nos maisons, on me demande souvent pourquoi les solutions sans-fil ne seraient pas suffisantes. En effet, pourquoi continuer à câbler nos maisons puisque tout ou presque peut se faire sans fil ? À quoi bon installer des prises RJ-45, à l'heure où les fournisseurs d'accès proposent des box capables de distribuer l'Internet, le téléphone ou la TV dans toute la maison en Wi-Fi ou en courant porteur en ligne (CPL)? Pour quelle raison investir dans le câblage d'un réseau alors que les réseaux Wi-Fi, 3G, DECT ou Bluetooth se répandent partout ?

Il est incontestable que le sans-fil apporte des services nouveaux, comme la mobilité, et un confort d'utilisation dans les domaines informatique, électrique, hi-fi, télécoms, etc. Cependant, il convient de rester prudent et de n'utiliser les technologies sans fil que lorsqu'elles sont indispensables ou qu'elles présentent un réel intérêt par rapport aux solutions filaires. Gardons en outre à l'esprit qu'à force de tout vouloir faire sans fil, les interférences entre les différents systèmes risquent au final de perturber le fonctionnement de tous les équipements.

Beaucoup s'interrogent sur l'impact des fréquences sans fil sur la santé. Après les fours à micro-ondes, les téléphones portables et les antennes relais GSM, ce sont maintenant les ondes propagées par les bornes Wi-Fi qui font l'objet d'études alarmantes. Certains organismes ont ainsi demandé d'éviter l'installation de ce type de réseau chez les particuliers ou dans les écoles, et préconisent de réduire son exposition aux champs électromagnétiques à haute fréquence, quitte à revenir à des solutions filaires traditionnelles. Pour l'instant, dans le doute, mieux vaut réduire la durée d'exposition et le périmètre de rayonnement au minimum en coupant les bornes Wi-Fi et DECT pendant la nuit par exemple, en évitant d'exposer les chambres et en réservant la couverture Wi-Fi aux zones d'utilisation réelle. En tout cas, ce qui est certain c'est que les ondes Wi-Fi sont très sensibles à l'environnement : un mur de béton armé, des téléphones sans fil, le réseau du voisin (surtout en ville où la bande de fréquence utilisée est hyper-saturée) suffisent à faire chuter les performances du réseau. Le CPL n'est pas non plus la panacée. D'abord, il n'est pas toujours fiable sur une vieille installation électrique et certains appareils électriques peuvent venir perturber la transmission du signal.

En règle générale, un simple câble revient moins cher et est plus fiable, toutes choses égales par ailleurs, qu'un dispositif fondé sur l'utilisation des fréquences radio ou infrarouge. Dans certaines conditions, en rénovation par exemple, le sans-fil se révèle plus compétitif puisqu'il ne nécessite pas de main d'œuvre pour le passage de câbles.

Au bout du compte, la granularité du réseau VDI et la présence de prises RJ-45 dans toutes les pièces permettent d'optimiser la qualité des réseaux sans fil et éventuellement de positionner au mieux les bornes Wi-Fi ou DECT qui ne doivent être considérées que comme des équipements optionnels qui se périmeront beaucoup plus vite que les solutions filaires.

En définitive, le débat n'est donc pas de savoir si le sans-fil peut remplacer le câblage mais plutôt de trouver leur complémentarité et de se concentrer, lors d'un projet de construction ou de rénovation, sur la qualité des réseaux structurels.

Avoir la fibre!

Dans son dernier éditorial, le sénateur Trégouet écrivait : " à l'encontre de l'opinion qui dominait il y a 10 ans, tous les spécialistes sont maintenant convaincus que la place de la France dans le monde dépendra de sa capacité, dans le quart de siècle qui vient (le temps d'une génération) à connecter chaque Français à une fibre optique. Beaucoup de nos concitoyens ne soupçonnent pas encore que cette connexion à une fibre optique leur sera aussi importante, dans la vie de tous les jours, que peut l'être, aujourd'hui, leur raccordement au réseau électrique ou au réseau d'eau potable... Ne tergiversons plus. Arrêtons de nous poser la question pour savoir si la fibre optique est le meilleur choix pour l'avenir. De tous les investissements que peuvent actuellement réaliser les collectivités pour préparer l'avenir dans le domaine des nouvelles technologies, la fibre optique est le seul pour lequel nous avons une visibilité sur tout le prochain siècle alors que tous les autres investissements technologiques (cuivre, radio, CPL, etc...) n'ont pas une espérance de vie optimale qui dépasse les 10 ans... ". Aux sceptiques qui estiment que ce déploiement est utopique il répond : " Si au début des années 1930, nos anciens avaient tenu le même raisonnement que nos économistes, face à l'électrification du monde rural, pensez-vous que chaque maison de France, même la plus isolée, disposerait aujourd'hui d'un câble (pourtant autrement difficile que la fibre optique à mettre en œuvre tant il est dangereux !) pour lui apporter la " fée électricité " ? "

Le déploiement inévitable de la fibre relativise le succès de l'ADSL qui, à cause de son support cuivre, ne constitue en aucun cas une solution pérenne. Il est évident que les habitants des grandes villes auront facilement accès aux très haut débit mais quid du reste du territoire? Ensuite, à quoi bon être connecté au très haut débit si les réseaux internes dans la maison ou l'appartement ne sont pas à niveau ? Faut-il d'ores et déjà généraliser la mise en œuvre de la fibre optique à l'intérieurs de nos logements ?

Appareils et réseaux utilisent depuis longtemps l'électron et le fil de cuivre pour transporter l'information. Les solutions fondées sur le photon et donc sur la fibre de verre, et bientôt de plastique, ne sont pas encore généralisées dans l'habitat. Très peu d'appareils domestiques sont conçus pour être connectés à un réseau en fibre optique. Seuls certains équipements informatiques et quelques appareils hi-fi et de home cinéma haut de gamme le permettent, mais il faut un autre réseau pour le reste de l'installation (domotique, téléphonie, TV satellite/câble, etc.). Un réseau en fibre optique est adapté aux liaisons longue distance (supérieures à 100 m) mais n'a pas encore sa place dans l'habitat, sauf dans le cas de grands bâtiments ou d'ensembles de bâtiments. Un tel réseau offre de très hauts débits, mais il ne comporte aujourd'hui aucun élément actif que ne sache transporter un câblage cuivre. Les débits nécessaires dans la maison sont actuellement de l'ordre du mégabit par seconde (abonnement ADSL 2 Mbit/s, par exemple) quand le câblage cuivre est encore capable de gérer le gigabit par seconde (1 000 Mbit/s). Non seulement le prix de revient de la fibre est presque dix fois supérieur à celui du câble informatique haut de gamme, mais sa mise en œuvre est contraignante et onéreuse. Pour toutes ces raisons, il ne semble pas encore réaliste d'installer un réseau en fibre optique à l'échelle d'une maison ou d'un appartement. Le précâblage en fibre optique d'une pièce dédiée à la hi-fi ou au home cinéma peut se concevoir pour préparer l'avenir ou si on dispose de matériel haut de gamme, de même que le raccordement de différentes zones dans une très grande maison ou celui de plusieurs bâtiments distants.

Le déploiement progressif de la fibre optique par les opérateurs et le développement des nouveaux usages, comme la visiophonie, la télésanté, le pay per view HD ou la possibilité de regarder plusieurs chaînes de télévision en haute définition, invitent néanmoins à en tenir compte dans la conception de nos maisons. En particulier, le câblage doit pouvoir être remplacé facilement en évitant, par exemple, des gaines trop étroites ou à angle droit.